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Baisse de la TVA dans la restauration : au profit de qui ?

Par Thierry Poupard

Pendant une bonne décennie, les ardents défenseurs du taux à 5,5% (Jacques Borel et André Daguin en première ligne), n’ont eu de cesse d’argumenter sur le fait que cette baisse serait assortie d’une diminution des prix, d’augmentation des salaires, de création d’emplois et de modernisation des sites. Personne n’a jamais entendu un autre discours. L’Etat non plus, d’ailleurs, puisque ce sont bien ces quatre pôles qui ont été retenus dans le contrat d’avenir. Or, aujourd’hui, il semblerait, pour les détracteurs d’une répercussion en faveur du client, que la baisse de la TVA soit principalement dévolue à assainir les comptes, à renflouer la trésorerie et à calmer le banquier. Cet argument est tout à fait recevable, au vue des 6 000 faillites comptabilisées de juillet 2007 à Juin 2008 (Euler Hermes Sfac – HR Infos), mais alors, pourquoi ne pas l’avoir utilisé plutôt que de faire des promesses ne sachant pas si elles allaient être tenues pas la suite ?

Au fait, que se serait-il passé si la baisse du taux de TVA avait été remise une fois encore aux calendes grecques ? Sans doute pas grand-chose parce que d’une part, ramené aux quelques 180 000 CHR en France, le nombre de défaillances – même s’il est en hausse – représente à peine plus de 3% du total et que, d’autre part, il faut mettre dans la balance les créations qui ont été de 19 400 sur douze mois à fin mai 2008 (Insee), soit près de 11% d’établissements supplémentaires en un an. Le solde est largement positif.

Pour ce qui est de l’application du nouveau taux de TVA, si l’Umih compte effectivement 80 000 adhérents et le Synhorcat 10 000, comme le proclament leurs dirigeants dans les media, on aurait du recenser au moins 50% d’établissements ayant appliqué intégralement le contrat d’avenir. C’est bien le chiffre avancé par la DGCCRF dans son enquête réalisée en juillet. Mais il faut préciser que les 3 755 visites ont eu lieu dans les mêmes établissements où les relevés de prix avaient été effectués en mars et avril dernier. Le restaurateur faisant partie du panel aura pensé qu’il ne fallait pas se faire remarquer par cet organisme dépendant du ministère et qui a fait en sorte de publier des chiffres qui ne fâchent pas trop Hervé Novelli. Même s’il est dit que seuls 32% des établissements visités ont apposé la vitrophanie « officielle ». Ce sont, on le suppose, ceux qui ont effectivement baissé de 11,8% les prix de sept produits de la fameuse liste. Comme quoi, la méthode des panels a quelques fois des limites. Autre étude, avec une méthodologie beaucoup plus complexe, celle de l’Insee qui a mesuré une diminution des prix dans la restauration de 1,3% en juillet. Mais, la baisse du taux de TVA n’étant que partiellement répercutée sur les prix de vente cela équivaut à une hausse mécanique des prix hors taxe, forcément. Ce que l’Insee nomme l’indice d’inflation sous-jacente qui est en hausse de 1,5% sur le même mois. Indirectement, plus de la moitié des restaurateurs auront augmenté leurs prix, même s’ils n’ont rien changé à leur carte.

Lors du combat mené en faveur de la baisse du taux de TVA il eut été indélicat de solliciter des consommateurs une subvention payée directement sur l’addition ; il n’en reste pas moins que c’est pourtant ce qui se passe, à ce jour, dans la majorité des établissements. Bref, avantage au client pour les uns ou ballon d’oxygène pour les autres, souhaitons que chacun y retrouve ses petits, mais en tout état de cause, ce n’est pas à la profession qu’il faut s’adresser aujourd’hui mais au consommateur qui a besoin d’explication, de clarté, de transparence et qui tolèrera mal d’avoir été floué. N’oublions pas qu’un client déçu est un client de perdu.




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4 Responses

  1. Cécile B

    Bonsoir,
    ce ressenti est vraiment réel, et j’aurais modifié la dernière phrase … n’oublions pas qu’un client déçu est dix clients de perdus.

  2. Laurent Porte

    Reflexion pour reflexion ….

    « ….Pendant une bonne décennie, les ardents défenseurs du taux à 5,5%… » Permettez moi de rappeler que M. Fabius (avant de prendre le perchoir de l’Assemblée Nationale) s’était engagé à l’époque pour une tva à 5,5 % … (cf Manif des Restaurateurs reçus à Bercy à coup de jet « d’eau »…) et s’est rétracté tout aussi vite lorsqu’il a repris ses fonctions officielles !!

    Permettez-moi de qualifier de « légèreté » votre analyse :
    « ..6 000 faillites comptabilisées de juillet 2007 à Juin 2008.. » ( (Euler Hermes Sfac – HR Infos)
    « …créations qui ont été de 19 400 sur douze mois à fin mai 2008 (Insee)
    C’est une comparaison « incomparable » !! ..Imaginons 6000 defections x 6 salariés et au regard 19400 créations x 1,5 salariés … : le solde (en terme d’emploi) reste t’il positif ??

    Bref toutes les analyses sont possibles …

    Je reste persuadé qu’il est urgent d’attendre avant de tirer des conclusions trop hatives et démagogiques !!!

    L. Porte

  3. admin

    En réponse au commentaire de Laurent, je me demande pourquoi les établissement qui font faillite compteraient en moyenne 6 salariés et que ceux qui ouvrent seulement 1,5 (?)

    « Le secteur est un poids lourd dont la croissance est décisive pour l’économie française avec plus de 900 000 salariés La branche des cafés, hôtels, restaurants est le 4ème employeur de France. Nous avons créé 68 000 emplois entre 2005 et 2008 et 10 000 en 2008 malgré la crise économique. » (Didier Chenet, Pdt du Synhorcat – avril 2009)

    « Depuis 2004, le secteur de la restauration a été créateur d’emploi, pour plus de 15 000 par an …/… mais il serait abusif de lier cette création d’emploi exclusivement aux allègements de charges. La meilleure preuve en est que le secteur était déjà créateur d’emplois avant 2004 : 29 000 en 2000, 27 000 en 2001, 25 000 en 2002, 8 000 en 2003. …/… La création d’emplois à laquelle s’engage la profession est de 40 000 emplois additionnels par rapport à la tendance constatée les précédentes années. Si celle-ci se maintient à 15 000 emplois par an, c’est donc une création nette d’emplois de 70 000 sur deux ans…/… (Hervé Novelli, Assemblée Nationale – 17/06/2009)

    Thierry Poupard

  4. Ahcene SAHED

    Bonjour Thierry,

    Il faut rappeler aussi que la baisse de la TVA est un manque à gagner en recette fiscale, et c’est le consommateur qui compensera sous forme de nouvelles taxes telles qu’elles se dessinent actuellement. Deux fois pénalisé !?, alors il est urgent de rassurer le client par une offre responsable.

    Bien cordialement,
    Yonika

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