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La restauration a désespérément besoin de communiquer

Par Thierry Poupard

Les professionnels ont le même travers que les politiques, ils s’écoutent plus parler qu’ils n’écoutent les consommateurs. La grande nouvelle de la semaine dernière fut l’annonce du rapprochement entre trois syndicats patronaux. Sans doute intéressant pour les intéressés, mais le grand public n’a jamais entendu des Synhorcat, Fagith et autre CPIH. La presse pro ne concerne que les pros, par essence et le consommateur ne retient que ce à quoi il a été exposé dans les grands médias ou qu’il va chercher lui-même sur Internet. Le vrai sujet, aujourd’hui, est la fréquentation des établissements toujours en berne et l’image des métiers de la restauration très détériorée.

Les grands médias y ont leur part de responsabilité, à systématiquement rechercher le scandale ou les déviations de ceux qui l’exercent, mais les professionnels sont encore plus fautifs à cause de leur attitude systématiquement pleurnicharde : métier très dur, trop de contraintes, charges trop élevées, pas de vie familiale, absence de personnel qualifié, pas d’avenir, etc. Il y en a même pour décrier le service en tant que servitude… Cette posture, sans doute destinée à faire valoir les revendications auprès des gouvernements, est incompréhensible aux yeux des consommateurs pour qui la restauration est synonyme de plaisir, elle est désastreuse auprès des employés qui ont honte de leur métier et des jeunes candidats qui fuient cette carrière.

Depuis la baisse de la TVA, les lamentations ont laissé place à la défensive en réaction aux critiques des médias avec l’expression  « nous allons jouer le jeu » pour leitmotiv. Ne revenons pas sur le score très mitigé de ce « jeu ». Les professionnels auraient pu se rattraper dans leur communication sur le volet social, eh bien non. Le seul brouhaha a été que l’Umih et le GNC (qui connaît dans le grand public ?) refusaient de signer l’accord. Là encore, pas de message qui puisse parvenir aux oreilles du grand public hormis, peut-être, celui de FO déclarant avoir obtenu gain de cause de haute lutte. Pas très positif… A croire que la restauration n’a comme clients que des syndicalistes, des secrétaires d’Etat et la presse professionnelle ! La « marque » restauration française est blessée et toujours malade malgré le remède de cheval administré le 1er juillet, et le discours de ses dirigeants fait souvent plus pitié qu’envie.

Alors il est urgent de s’adresser aux français avec des mots et par des moyens qui les touchent directement comme l’ont réalisé deux professions pour modifier leur image dégradée ou attaquée : l’artisanat, avec son message de « premier employeur de France », a fait que l’on ne regarde plus le petit plombier du coin avec mépris et les pharmaciens qui, en parlant d’espace santé spécialisé, ont su contrer les hypermarchés où le rayon des médicaments jouxte celui des lessives. La restauration ne doit pas attendre les bras ballants le premier anniversaire de la baisse de la TVA dont le bilan va être (encore) un beau sujet pour les médias. L’heure est à la communication, la vraie. La profession a les moyens de s’organiser pour faire sa publicité auprès du grand public par une grande campagne dans les médias et sur Internet dans les réseaux sociaux, une campagne collective signée « les restaurants de France » et non par d’obscures acronymes ; elle doit délivrer des messages positifs dont l’impression laissée serait constituée de plaisir, de convivialité, de partage, d’échange, d’envie, de passion, bref, de tout ce qui peut inciter un consommateur à retourner au restaurant, un employé à parler fièrement de son métier et un candidat à postuler avec enthousiasme.

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8 Responses

  1. Tu as encore une fois tout à fait raison … le discours de ces syndicats & co est effectivement peu sexy et en tout cas il ne représente en rien l’enthousiasme de certains restaurateurs créatifs et de talent ( il y en a ! ) que je connais et qui mériteraient d’être entendus. Je pense aussi comme toi que les gesticulations autour de la Tva n’ont en rien valorisé la profession , bien au contraire. Il est temps que la bonne com prenne un peu le pouvoir car tout ce que je lis en ce moment est d’une tristesse afligeante … Ras le bol des chiffres qui à force d’être copiés, répétés et mal compris ne signifient plus rien ! Aujourdhui, on a envie qu’on nous donne envie … on voudrait voir émerger de nouvelles têtes, on voudrait que la presse renouvelle ses sources, que les conventions et évènements découvrent de nouveaux gourous … on veut des leaders charismatiques qui puissent faire rêver les jeunes et faire bouger les moins jeunes … A quand un syndicat unique rassembleur, novateur, leader et « boosteur ». En ce sens, bravo au Leaders Club qui pour moi est aujourdhui l’organisation qui tire le plus la restauration vers les sommets que l’on attend !

  2. Tout à fait d’accord avec toi et Philippe.

    Même si 10% supplémentaires des restaurants faisaient faillite, cela ne représenterait même pas un avantage à ceux qui restent car ces 10% là ne représentent rien en terme de trafic.
    Nous n’avons qu’une seule porte de sortie : le retour massif des clients grâce à une profession aimée des français et des touristes. En ce moment, nous sommes en disgrâce, alors utilisons les fans qui nous restent pour redresser la barre.

  3. MAJONCHI Daniel

    …. Et oui … Et pourtant le ‘Benchmark’ (le modèle, le point de repère …) existe. Regardez ce que le Syndicat de la restauration américaine a produit: http://www.restaurant.org/aboutus/video/index.cfm
    ça s’intitule tout simplement : ‘America’s Restaurants: Serving Our Nation’
    Quelques dizaines de milliers d’€ et la profession pourrait produire l’équivalent français et le diffuser sur YouTube, Daily Motion, avec le relais de l’AFP et de tous les magazines et les télé qui nous aiment … et il y en a !!! … Le succès des émissions de M6 & autres l’atteste …

  4. Thierry
    D’accord avec toi pour dire que le SNRTC doit pouvoir fédérer davantage en attirant des indépendants novateurs et performants, et il y en a . Je trouve que ce syndicat est très représentatif des valeurs et modèles qu’il faut faire connaître et partager. En ces temps difficiles, ils ont une vraie légitimité et très certainement des parts de marché rapides à conquérir.

  5. Vous avez ce pouvoir de recul face à une profession que vous aimez et pour qui vous vous battez. Les professionnels ont en permanence la tête dans le guidon pour parvenir à faire leur fin de mois, quand ils le peuvent… et pendant ce temps, nos responsables s’écharpent entre 2 réunions d’accord salarial..pour l’attrait du pouvoir. Quel panorama d’une si belle profession ! Quelle image de la si belle et réputée gastronomie française..! Nous les Français, considérés comme des « grandes gueules » par nos homologues étrangers, nous nous devons de réagir.
    Primo, il serait vraiment NECESSAIRE, aujourd’hui de nettoyer la profession. De demander son inscription au répertoire des métiers, de la protéger.. Il y a les vrais, les professionnels qui ont choisi ce métier par vocation, par goût, par amour et ceux qui l’ont choisi par intérêt financier, placements etc.. Le client ne fait aucune différence. Tous s’appellent « RESTAURANT ». A la sortie, toute la profession patit de cet umbroglio. Même la presse nationale ne fait aucune distinction et pour cause..
    Une partie de la profession a su se hisser au-dessus du panier, grâce à la presse.. aux médias en général et aux guides gastronomiques en particuliers. Ils sont peu nombreux, mais ils savent se vendre, s’honorer et faire parler d’eux comme des « Poeple », avec tout le respect dû aux grands. C’est un peu comme si leur statut de « Grand » était déjà inscrit au répertoire des métiers pour les protéger de la restauration plus « populaire »..
    Alors face à une telle situation, un tel bilan, il faut une tête qui rassemble les vrais professionnels, qui se batte pour leur statut pour redonner cette image de restaurateur respecté et respectable, cet image d’initiateur aux vrais goûts et aux vrais plaisirs, initiateur de la convivialité toute partagée, de petit marchand de bonheur.
    Et vous avez raison à juste titre, Monsieur POUPARD, l’exemple le plus flagrant, reste celui des TPE et artisants apparus comme le premier employeur de France. Inscrits au répertoire des métiers, nous en ferions aussi partie.

    Il faudrait faire appel à une agence de com. et d’évènementiel peut-être, à l’échelon national. Mais commençons peut-être par monter ensemble la première marche, demandons à être répertorié comme des vrais artisans.

    Et en même temps, rien ne nous empêche de nous démarquer par le sourire, l’accueil, la qualité de nos établissements et de nos services, restons de VRAIS professionnels et nous serons déjà reconnus comme tels.

    Pardon d’avoir été si long et encore.. j’ai essayé de faire court !

    Bien cordialement.

    D. Vergnon

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